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Planification familiale au Bénin: Les OSC passent en revue le Plan d’action national budgétisé

A moins d’un an de la fin de la période de mise en œuvre du Plan d’Action National Budgétisé (PANB) pour le repositionnement de la planification familiale (Pf) au Bénin (2014-2018), la société civile béninoise évalue le chemin parcouru et établit des perspectives pour relever de nouveaux défis.

Au cours d’un atelier le vendredi 28 juillet 2017 à Abomey-Calavi, initié et financé par l’Alliance droits et santé, les organisations de la société civile béninoise intervenant dans le domaine des droits à la santé sexuelle et de la reproduction, ont porté leur regard critique sur le chemin parcouru dans l’exécution du Plan d’Action National Budgétisé (PANB) pour le repositionnement de la planification familiale au Bénin (2014-2018), et formulé des recommandations.

C’était à la faveur d’un atelier de revue dudit plan qui s’est déroulé le vendredi 28 juillet 2017, au village d’enfants Sos d’Abomey-Calavi. L’objectif a été de « porter un regard critique sur le niveau de mise en œuvre des engagements contenus dans ce plan », a précisé Nourou Adjibadé, Directeur exécutif de Ceradis-Ong, point focal au Bénin de l’Alliance droits et santé.

Pour mémoire, le Panb au Bénin a été élaboré en décembre 2013 et lancé le jeudi 29 janvier 2015 en respect du Partenariat de Ouagadougou lancé en février 2011 au Burkina Faso par les 9 pays d’Afrique francophone de l’Ouest, en réponse au faible taux de prévalence -12% en moyenne- et aux forts taux de besoins non satisfaits -en moyenne une femmes sur 4- et de mortalité maternelle -510 décès pour 100000 naissances vivants-, qui caractérisaient cette région du monde.

Le Bénin était autour de 7%, et s’est donné dans ce plan l’objectif d’atteindre un taux de 20% de prévalence contraceptive d’ici 2018, d’après la spécialiste en gestion de santé de la reproduction Alimatou Zohoun, représentante de la Direction de la Santé de la Mère et de l’Enfant (DSME). Elle juge capitale une telle revue venant de la société civile.

«Nous devons saluer l’initiative de Ceradis qui a donc voulu qu’ensemble nous puissions définir ‘’où nous en sommes’’, dans la mise en œuvre des actions que nous avons prévues pour la poursuite des défis que nous nous sommes fixés dans ce plan d’action » affirme-t-elle.

Dans le déroulement de l’atelier, les Osc réunies lui d’abord présenté au nom de la Dsme, le point de la mise en œuvre dudit plan. Ensuite, elles-mêmes ont fait leur évaluation sur la base de leur constat et expérience de terrain. Enfin, elles ont formulé des recommandations. « Les recommandations et observations sont destinées à améliorer la qualité du document et des interventions retenues », précise le Directeur exécutif de CERADIS-ONG C’est d’ailleurs cette amélioration qu’espèrent les jeunes représentés à l’atelier.

«Notre vœux le plus cher est qu’à l’issu de cette revue, une riposte soit faite pour faciliter l’accès réel des jeunes, surtout dans les milieux ruraux, aux méthodes de la Pf et aux services de la santé et de reproduction» confie Ulrich François Dossou, chargé vie scolaire et universitaire au sein de l’Organe Consultatif de la Jeunesse (OCJ).

Notons que l’Alliance droits et santé initiatrice de la revue, est « un réseau sous régional initié par l’Ong française Equilibres & Populations, en concertation avec certains de ses partenaires historiques dont Asmade au Burkina Faso, Ceradis au Bénin, et Lafia Matassa au Niger ». Représenté au Bénin par Ceradis, le Scoutisme béninois et le Bacar, il se veut être « un réseau d’organisations performantes et porteuses de dynamiques innovantes et de changements sociaux favorables à l’avènement d’un monde où les femmes et les filles d’Afrique de l’Ouest jouissent d’une santé sexuelle et reproductive épanouies, dans la garantie de leurs droits ».

PANB au Bénin : Où en sommes-nous ?

Dans sa présentation sur le suivi de la mise en œuvre du PANB (2014-2018), la représentante de la DSME, Alimatou Zohoun, indique qu’au terme des trois premières années d’exécution en fin 2016, le Bénin a atteint un total de 348368 femmes utilisatrices de méthodes Pf sur les 612023 prévues. De façon spécifique, concernant les femmes additionnelles à atteindre, il y a eu un gap de 8969 femmes. «Si rien n’est fait, le gap en 2020 sera de 29 600» précise la spécialiste en gestion de la santé de la reproduction. Pour elle, c’est encore beaucoup de défis à relever pour accélérer la prévalence contraceptive au Bénin. Mais déjà, elle a attiré l’attention des participants sur le défi lié aux besoins non satisfaits qu’elle met dans les priorités du moment. «C’est vrai que notre prévalence contraceptive est très faible -autour de 12%-, mais au contraire, les besoins non satisfaits augmentent et sont à 33% » mentionne-t-elle. Pour elle, en se concentrant sur cette cible et en réglant les actions de sorte à pouvoir atteindre ces personnes qui ont désiré avoir la Pf et qui pour une raison ou une autre ne l’ont pas eue, le Bénin pourra déjà atteindre une forte prévalence. « Cela nous permettra de dépasser même les objectifs que nous nous sommes fixés » défend-t-elle.

Insuffisance de communication

Dans les débats qui ont suivi cette présentation, les acteurs de la société civile ont évoqué certains obstacles, qui selon eux sont à la base du gap observé. Au centre de ces obstacles, ils évoquent un défaut de communication. « Nonobstant la disponibilité des services, il fallait de la communication en communauté pour amener les gens à comprendre le bien fondé et s’en servir », soutiennent-ils. C’est également ce défaut de communication, qui selon eux ne rend pas encore l’environnement totalement favorable, notamment pour les jeunes et adolescents. Certes, ils reconnaissent tous qu’il y a des sensibilisations et des formations de relais, mais se demandent si l’information passe toujours et s’il y a un plan national de communication en matière de repositionnement de la Pf qui est suivi. D’avis avec eux, la représentante de la Dsme relève qu’il faut « une communication offensive ». Ceci, à ses dires, est subordonné à un fort engagement politique au plus haut niveau de l’Etat. Ce qui n’est pas encore le cas au Bénin. Au-delà de la communication, l’engagement politique c’est aussi mettre le personnel, l’équipement et les produits qu’il faut à disposition, à l’en croire.

« Tout n’est pas négatif »

Ce bilan ne veut pas dire que tout est négatif depuis le lancement du plan, relève le Directeur exécutif de Ceradis-Ong, Nourou Adjibadé. « On ne va certainement pas atteindre les résultats escomptés, mais un effort important est fait » confie-t-il. Le Bénin a connu certaines avancées en la matière, notamment au niveau de l’axe « environnement habitant ». Entre autres, il cite la mise en place de la plateforme nationale des religieux et chefs traditionnels. Aussi, a-t-il reconnu l’effort financier qui est fait, même si comparativement à d’autres pays de la sous-région, c’est encore minime. De 40 millions autrefois, le budget annuel accordé par l’Etat à la Pf tourne aujourd’hui autour de 200 millions❒

Déclaration des OSC … pour une pleine jouissance du droit à la planification familiale

Nous, Organisations Non Gouvernementales intervenant dans le domaine des droits à la Santé Sexuelle et  de la reproduction, réunies ce jour, le 28 juillet 2017, à l’initiative d’Alliance Droits et Santé , au Village d’Enfants SOS d’Abomey-Calavi dans le cadre de la revue du Plan d’Action National Budgétisé pour le Repositionnement de la Planification Familiale (PF) au Bénin,

  • considérant les progrès accomplis dans le cadre de la mise en œuvre du  Plan National d’Action Budgétisé pour le Repositionnement de la PF (2014-2018) ;
  • considérant le rôle majeur que jouent les Organisations de la Société Civile (OSC) dans la défense et la promotion  du droit à  la Planification Familiale ;
  • considérant que la Planification Familiale contribue pour une large part à la réduction du taux de mortalité maternelle ;
  • considérant que la Planification Familiale est un passage obligé vers la réalisation du dividende démographique ;
  • considérant le leadership politique affiché par le Gouvernement et le Parlement en vue d’œuvrer pour la réalisation du dividende démographique et le bien-être des communautés ;
  • considérant l’engagement des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) à accompagner le Bénin dans cette dynamique ;

Après un examen approfondi du niveau de mise en œuvre du Plan National d’Action Budgétisé pour le Repositionnement de la PF,

saluons les efforts consentis par les différentes parties prenantes pour l’atteinte des résultats attendus et fixés par ledit Plan ;

notons qu’en dépit de ces efforts, des défis restent encore à relever dans le sens de la concrétisation des engagements pris en faveur de la Planification Familiale ;

exhortons les décideurs à considérer la Planification Familiale comme une urgence et une priorité à inscrire au premier plan des programmes de développement ;

réaffirmons notre disponibilité à accompagner les efforts du gouvernement à travers les actions de plaidoyer, de lobbying et de renforcement des capacités ;

La concrétisation de ces idées passe par des actions décisives comme :

l’adoption d’une stratégie opérationnelle de prise en compte et de réponse aux besoins non satisfaits en Planification Familiale ;

l’établissement et la mise en œuvre d’un plan de communication offensive qui intègre la sensibilisation orientée spécifiquement à l’endroit des hommes, la promotion du dialogue parents-enfants et la prise en compte des préoccupations spécifiques des jeunes ;

la mise en place effective  du comité de pilotage  et du comité de coordination et de suivi des interventions de la PF prévus dans le Plan ;

Par ailleurs, les organisations signataires de la présente déclaration appellent de leurs vœux la révision devenue nécessaire dudit  Plan. Elles expriment le souhait de voir la société civile associée à ce processus.

Fait à Abomey-Calavi, le vendredi 28 juillet 2017


Les organisations participantes
Ont signé :
  • CeRADIS : Centre de Réflexions et d’Actions pour le développement Intégré et la Solidarité
  • Le BACAR : Le Bureau d’Appui-Conseils d’Afrique pour les Réalisations
  • Le Scoutisme béninois
  • ABPF : Association Béninoise pour la Promotion de la famille
  • OCJ : Organe Consultatif de la jeunesse
  • Plate forme Média-Santé
  • MJCD : Mutuelle des Jeunes Chrétiens pour le Développement
  • PJB : Parlement des Jeunes du Bénin
  • JCI : Jeune  Chambre  Internationale  Bénin
  • ROAJELF : Réseau Ouest Africain des Jeunes Femmes Leaders (ROAJELF)
  • APESSA : Association pour l’Education, la Sexualité et la Santé en Afrique
  • RABEJ/SD : Réseau des Associations Béninoises de Jeunes engagés pour la Santé et le Développement
  • FAPHB : Fédération des Associations de Personnes Handicapées du Bénin
  • CSB : Changement Social Bénin
  • RACINES : Recherches Actions Communautaires, Initiatives pour un Nouvel Espoir
  • Coalition OSC/PF : La Coalition des OSC béninoises pour le Repositionnement de la PF au Bénin.
  • ABDD : Association Béninoise de Droit et de Développement.

Blaise Ahouansè

Paru le 05 Août dans La Nouvelle tribune

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