Amener encore 2.2 millions femmes dans neuf pays africains francophones à adopter la planification familiale d’ici 2020, c’est l’objectif de la “phase d’accélération” du Partenariat de Ouagadougou. Même si ce chiffre du point de quantitatif semble faible, il est néanmoins important compte tenu de beaucoup de facteurs qui constituent des freins à l’atteinte de la grande masse.
Le Partenariat de Ouagadougou a vu le jour en 2011 sous la bannière “urgence d’agir”, sa première phase. Elle a généré des résultats qui ont permis quatre ans après, de lancer la deuxième phase dénommée “phase d’accélération” couvrant la période 2016-2020.
Planifier c’est développer
Parler de planification familiale ne se réduit pas aux méthodes contraceptives. La planification regroupe en effet deux autres composantes : la prise en charge de la stérilité des couples infertiles pour aboutir à la fécondation ou insémination in-vitro et la promotion de la parenté responsable pour les infections sexuellement transmissibles.
Serge Kitihou, directeur des Programmes de l’Association Béninoise pour la Promotion de la Famille (ABPF) estime qu’il y a un lien parfait entre la planification familiale et le développement. “Plus on prévoit la naissance des enfants, mieux la famille à le temps de mettre les conditions nécessaires pour assurer son évolution, son éducation, sa croissance”, explique-t-il.
Il en est de même pour l’Etat qui peut de ce fait, prévoir l’augmentation de sa population à une période donnée et investir dans des infrastructures et solutions nécessaires à l’épanouissement de son peuple. Ceci démontre donc la corrélation existante entre le développement d’un pays et la planification familiale.
Convaincre les résistants
Selon les données de l’Enquête de Démographie et de Santé ( EDS) en 2011, la prévalence contraceptive au Bénin était de 7.9% alors que les autres pays de la sous-région étaient déjà à deux chiffres. La dernière enquête du ministère de la Santé datant de 2015 a révélé une prévalence de 12%. Ces chiffres, s’ils venaient à être vérifiés par l’EDS pourraient apporter une satisfaction morale aux acteurs. Leurs efforts de plusieurs années auraient alors porté des fruits. Mais, on en est encore loin car il faudra encore surmonter des obstacles.
En premier lieu, combattre les pesanteurs socio-culturelles qui influent sur la décision des personnes. Ensuite mener une campagne d’information sur l’importance de la planification et la gestion des effets secondaires des traitements en adaptant la stratégie, l’approche à la cible.
L’implication de tous s’avère nécessaire pour franchir le pas. “Il faudra donc associer les leaders religieux, les hommes politiques…, mais aussi pallier le manque de personnel et d’infrastructures de planification dans certains zones”, a expliqué Serge Kitihou. Le plus important sera d’assurer la disponibilité des produits de planification familiale à tout instant et à tout lieu du Bénin.
Atteindre en 2020, une prévalence contraceptive de 20%
L’espoir de voir une prévalence à deux chiffres (25% et plus) est permis. En plus de l’appui des partenaires techniques et financier, au niveau local, il faut redoubler d’efforts et appliquer plus de rigueur.
Pour le docteur Serge Kitihou, “il faut que nous fassions une bonne gestion des moyens que les PTF [Partenaires techniques et financiers] mettent à notre disposition. L’impact ne viendra pas d’un seul côté. Il faut que l’Etat et les privés, nous travaillions en symbiose, une synergie d’action parce qu’ils ne vont pas continuer indéfiniment à nous appuyer. Dès qu’ils seront fatigués, ils vont se retirer”.
Seront alors nécessaires, la révision des politiques en fonction des résultats obtenus afin d’atteindre de façon conséquente l’objectif fixé. “Avec tout ce qui est fait si nous continuons sur cette lancée, dans deux ans nous pourrons atteindre les 20% de couverture”, a ajouté le directeur des Programmes de l’ABPF.
Créée en 1970, l’ABPF mène des actions de sensibilisation pour lutter contre les grossesses non désirées et contribue au développement de la famille en promouvant l’accès aux services de contraception.
Adonis BOHOUN
Publié le 23-10-2018 dans ortb