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Santé de la femme et de l’enfant au Niger : Le combat d’une sage femme pour une planification familiale réussie

Environ 8H à Niamey. Un vent froid et poussiéreux souffle sur la capitale. Au quartier Dar Salam qui abrite le marché du même nom et celui de ‘’dolé’’, une véritable ambiance règne depuis des heures. Automobilistes, motocyclistes, cyclistes et piétons circulent dans tous les sens, indifférents à cette baisse de la température, fortement ressentie par tout sahélien.

Quelque part dans un centre de soins dudit quartier, les femmes sont assises sous un hangar, les bébés soigneusement recouverts d’un pagne ou du voile que portent les mamans. Nous sommes au centre de soins de l’ANBEF (Association Nigérienne pour le Bien Etre Familial). En attendant l’arrivée de la sage femme, les femmes causent et rient à belles dents, tous les sujets sont abordés. Dés que la sage femme fait son entrée sous le hangar, l’atmosphère devient plus ambiant avec la première question qu’elle leur pose : nous sommes dans quelle période ? demande Mme Ibrahim Balkissa. La période de froid répondent-elles en chœur. Et que doit on faire aux enfants pendant cette période ? demande t-elle à nouveau ? On doit les protéger en leur mettant des bonnets, des  chaussettes, des pulls…répondent elles encore. Oui, approuve Balkissa tout en faisant un tour dans les rangs des femmes pour doigter celles dont les enfants sont mal protégés contre le froid. Aussitôt le constat fait, elle leur explique quel genre de bonnet les  mamans doivent faire porter aux  enfants pour les protéger contre le froid et leur éviter certaines maladies.

Estimant que son message est véritablement passé, Balkissa passe à un autre sujet, celui de la planification familiale. Là aussi, la séance est ponctuée de questions posées par la sage femme et de réponses données par les femmes. Les questions portent notamment sur la définition de la PF, ses avantages, les différentes méthodes contraceptives modernes…A toutes les questions posées par Balkissa, les femmes donnent des réponses exactes comme pour montrer qu’elles ont parfaitement assimilé les informations données lors des séances journalières précédentes sur la PF. Seules quelques unes réagissent en manifestant leurs inquiétudes relativement à l’usage du stérilet. Simples rumeurs répond la sage femme qui leur donne automatiquement plus de précisions sur cette méthode moderne de contraception. Mieux, Balkissa leur demande de ne pas se fier aux ont dit, d’éviter l’auto médication, et de venir plutôt au centre où elles peuvent avoir toutes les informations nécessaires sur toutes les méthodes. Selon elle, les produits contraceptifs modernes ne sont pas administrés au hasard.

Des méthodes orales et injectables au DIU et aux préservatifs,  le centre de soins de l’ANBEF qui n’est jamais en rupture de produits contraceptifs selon Balkissa propose toutes les méthodes modernes de contraception. La sage femme précise toutefois que la méthode la plus utilisée, est la voie orale avec l’usage de la pilule. 25 à 30 femmes visitent quotidiennement ce centre pour pratiquer la PF. Ce nombre a nettement augmenté par rapport à l’année dernière affirme Balkissa qui sous estime en fait ces chiffres. Une situation qu’elle explique d’abord par la réticence de certains maris qui ne permettent pas à leur femme de pratiquer la PF et ensuite par les rumeurs sur les méthodes contraceptives. A l’ANBEF dit la sage femme, nous faisons de notre mieux. «Chaque matin, nous faisons des séances de sensibilisation pour édifier les femmes sur les méthodes contraceptives. A travers ces séances, certaines femmes prennent conscience de l’importance de la PF, y  adhèrent et optent pour une méthode ».

C’est le cas de Salamatou Kindo 35 ans rencontrée au cours de cette séance. Elle a quatre (4) enfants et pratique la PF depuis neuf (9) ans. Pour elle, la PF a des avantages parce qu’elle permet d’espacer les naissances et surtout  à la femme de se reposer. « Je pratique la PF avec l’accord de mon mari », affirme Salamatou qui précise qu’elle prend la pilule sans aucun souci sur sa santé. Pour une bonne efficacité de la méthode qu’elle a choisie et suivant les conseils des sages femmes, Salamatou dit prendre ses produits à une heure fixe que lui rappelle son réveil qu’elle a programmé à cet effet. Très satisfaite, elle appelle les femmes à pratiquer la PF pour leur santé et celle de leurs enfants.

Nana Hadiza est elle, âgée de 26 ans. En grossesse depuis quelques mois après avoir pratiqué la PF, elle est venue au centre de l’ANBEF pour des consultations prénatales. Son dernier enfant est âgé de quatre (4) ans. Elle dit avoir utilisé les injectables pendant 1 an et 3 mois. Nana Hadiza a utilisé cette méthode avec l’accord de son mari qui l’amène au centre chaque fois qu’elle en a besoin. Pour elle, la PF est importante pour la santé de l’enfant. Je me rappelle dit elle que j’ai eu la grossesse de mon deuxième enfant seulement huit (8) mois après la naissance du premier. Avec la PF, Dieu merci, je maitrise bien la situation. Même après l’arrêt des produits, je mets un peu de temps avant de contracter une grossesse. Nana Hadiza insiste sur les avantages de la PF et conseille aux femmes de la pratiquer pour leur santé et surtout « parce qu’une femme qui accouche chaque année finira toujours par avoir des problèmes avec son mari » dit elle.

Balkissa la sage femme appelle d’ailleurs les maris à accompagner leur femme au centre. « A deux, ils peuvent choisir une méthode » affirme t-elle avant de souligner la grosse difficulté qu’elle rencontre au centre : l’abandon des femmes. Il y a selon elle, des femmes qui viennent au centre, optent pour une méthode et disparaissent après, soit à cause des rumeurs soit parce que les maris leur interdisent de revenir prendre les produits. «Mais nous ne relâchons pas, nous procédons à l’appel pour les faire revenir et continuer» affirme Balkissa. Convaincue de l’importance de la PF pour la santé de la mère et de l’enfant, la sage femme envisage d’organiser des séances avec les maris.

Publier le 17-01-2020 dans le sahel

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