16 juillet 2020
En Côte d’Ivoire, les avortements clandestins représentent 15% des causes de décès maternels. Près de 200 000 femmes âgées de 15 à 49 ans, ont recours tous les ans, à une interruption volontaire de grossesse malgré son caractère illégal, selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce dernier résultat s’explique notamment par la faible utilisation des méthodes contraceptives parmi les femmes en âge de reproduction de 15 à 49 ans.
En effet, les contraceptifs sont faiblement utilisés. Les rumeurs ou fausses croyances sont savamment entretenues. Pourtant, l’Etat ivoirien a été cité en exemple lors du Sommet Family Planning 2020 de Londres en juillet 2017 et salué pour son progrès en matière de droit de la santé sexuelle et reproductive (DSSR) et de planification familiale en Afrique.
Pour contribuer à l’augmentation de la prévalence contraceptive dans le pays, Population Services International en Côte d’Ivoire (PSI/CI) met en œuvre le projet dénommé EMliss, financé par le Ministère des affaires étrangères du Canada depuis plus d’un an. Ce projet, qui concerne les femmes en âge de procréer à Yamoussoukro, Bouaké et Daloa, vise à améliorer leurs connaissances en matière de santé de la reproduction, à augmenter leur accès à une gamme complète de produits et services de contraception et à renforcer les connaissances des acteurs clés tels que les leaders religieux et communautaires pour renforcer l’engagement des hommes dans ce domaine.
Quels sont les avantages et les inconvénients liés à planification familiale en Côte d’Ivoire ? Quels sont les barrières à l’accès aux méthodes contraceptives modernes ?
Les avantages de la planification familiale en Côte d’Ivoire
La planification Familiale (PF) est l’ensemble des moyens mis à la disposition des individus et des couples pour leur permettre d’assurer leur sexualité responsable, afin d’éviter les grossesses non désirées, d’espacer les naissances et de déterminer la taille souhaitée de leur famille.
Elle permet également de réduire la mortalité maternelle, périnatale et infantile. Elle limite également les complications dues à la grossesse et à l’accouchement tout en prévenant les grossesses à risques. Elle améliore aussi, l’état nutritionnel de l’enfant, de la mère et de la famille.
En outre, la PF a des bienfaits sur le plan socio-économique. Parmi ceux-ci, on peut noter l’amélioration de la qualité de la vie, l’indépendance de la femme pour les tâches lucratives (petits commerce). En sommes, elle prépare le couple à une meilleure vie de familiale en favorisant l’accès à l’éducation pour les enfants. Ce qui réduirait le taux de délinquance juvénile.
Ainsi donc, l’une des solutions pour contrôler la croissance démographique galopante et l’amélioration de la situation socio-sanitaire et socio-économique des familles est la Planification Familiale.
Les barrières à l’accès aux méthodes contraceptives modernes
Selon les spécialistes, les problèmes de l’utilisation des contraceptifs trouvent leurs raisons dans les accouchements à domicile, les grossesses rapprochées nombreuses, trop tard et surtout les avortements volontaires.
En effet, pour être éligible à une méthode de contraception, le médecin ou la sage-femme, fait faire des examens à la patiente. C’est à la vue des résultats qu’une méthode est choisie et conseillée à la patiente selon son besoin.
Malheureusement, ce n’est souvent pas le cas. Les femmes se mettent sous contraceptif sans se référer à un prestataire de services. Le manque d’argent, et d’informations, peut expliquer ces cas.
De plus, il existe plusieurs problèmes liés à la santé sexuelle de la femme, notamment dans les foyers polygamiques. Dans ce régime matrimonial, elles sont souvent sujettes à des maladies opportunistes et autres infections, puisque l’homme entretient généralement des relations sexuelles avec des partenaires multiples sans protection.
L’on peut en outre, retenir, le faible niveau d’instruction des femmes, l’absence d’activité professionnelle, le conjoint non favorable à l’utilisation de contraceptif, la mauvaise qualité de l’information reçue par rapport aux méthodes, la résidence en milieu rural et l’âge.
A ces problèmes, viennent s’ajouter la pesanteur des us, coutumes et traditions. La sexualité demeure encore un sujet tabou qui ne rencontre pas l’adhésion de certains leaders d’opinion communautaires issus de ces zones dites réfractaires.
Il faut souligner par ailleurs, que le faible taux d’encadrement des agents de santé communautaire face à la gestion des cibles les plus jeunes, l’accessibilité géographique et le faible taux de fréquentation des services de santé surtout dans les zones de l’intérieur du pays constituent également des freins à l’adoption des méthodes contraceptives.
Les inconvénients des méthodes de contraception
Comme tout produit issu de la pharmacologie, les méthodes contraceptives ont des effets secondaires qu’on appelle des effets indésirables. Les contraceptifs ont beaucoup d’avantages mais peuvent également entrainer des gènes. Il y a certaines méthodes qui peuvent perturber le cycle menstruel, soit provoquer l’absence.
C’est le cas chez certaines femmes qui ont des saignements quelque fois de façon rapprochée. On peut aussi constater la prise de poids chez des femmes qui sont sous pilule.
Toutefois, il appartient à chaque femme désireuse de contrôler ses naissances et de garantir sa santé de bien se faire conseiller dans un centre de santé communautaire sur le choix du contraceptif adapté à son état et de suivre scrupuleusement le mode d’utilisation.
Les différentes méthodes contraceptives et leurs avantages
Le taux de prévalence contraceptive au plan national a connu une augmentation non négligeable ces dernières années. Il est passé de 14% en 2012 à près de 22% en 2019, selon track20.org.
L’on pourrait citer de manière non exhaustive les pilules de contraception orale, les implants, les contraceptifs injectables, les patchs contraceptifs, les anneaux vaginaux, les dispositifs intra-utérins, les préservatifs, la stérilisation ou féminine, les méthodes d’aménorrhée lactationnelle, les méthodes reposant sur le retrait (coït interrompu) et la connaissance des périodes de fertilité.
Si l’utilisation de préservatifs prévient les infections sexuellement transmissibles, l’usage d’une contraception hormonale (pilule, implant, DIU hormonal) a également des effets bénéfiques immédiats et à long terme en particulier pour les femmes qui, dès la puberté, souffrent de douleurs intenses des règles, parfois liées à une endométriose.
Par ailleurs, on a souvent entendu que l’usage d’un contraceptif avant l’âge de 16 ans est dangereux pour la santé de la jeune fille. Cette information n’est pas vraie dans la mesure où à partir de la puberté, toute femme susceptible d’avoir une activité sexuelle devrait pouvoir obtenir une information complète et impartiale sur les méthodes de contraceptions existantes.
Malgré les efforts consentis par l’état et les organismes qui œuvrent pour la promotion du planning familial et la vulgarisation des méthodes de contraceptions, l’adhésion des publics en matière de bonne pratiques sur la santé demeurent un challenge. Répondre également à la problématique d’accessibilité aux produits de santé dans certaines zones dites rurales restent par ailleurs, un souci majeur.
La Côte d’Ivoire doit faire face à beaucoup de défis, afin d’atteindre l’objectif d’améliorer la demande et l’offre des services liés à la santé de la reproduction.
L’adhésion aux méthodes contraceptives, qui représentent une des alternatives appropriée pour améliorer les indicateurs de développement socio-économique en Côte d’Ivoire (réduction de la mortalité maternelle et de la mortalité infanto-juvénile, meilleur investissement dans la scolarisation des enfants, amélioration du PIB par tête) passe d’abord et avant tout par une prise de conscience des publics, une meilleure promotion et une responsabilité des agents de santé communautaire.
Frederic Goré-Bi
Publié le 15-07-2020 dans RTI
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