Avec l’intensification de la maladie à coronavirus dans les pays à revenu faible et intermédiaire, le Groupe des investisseurs du Mécanisme de financement mondial (GFF) craint des perturbations généralisées de l’accès aux services de santé reproductive, de la mère, du nouveau-né, de l’enfant, de l’adolescent et de nutrition. Ce qui pourrait engendrer la survenue d’une crise sanitaire mondiale secondaire après la pandémie de COVID-19.
Selon une enquête menée dans 36 pays à revenu faible et intermédiaire appuyés par le Groupe des investisseurs du Mécanisme de financement mondial (GFF), la moitié de ces pays signalent déjà des interruptions de services de santé qui mettent en danger les vies.
Dans ces pays appuyés par le GFF, la pandémie de COVID-19 empêche la prestation de services essentiels tels que les consultations prénatales, les accouchements assistés, les vaccinations des enfants et l’accès à la planification familiale. Pourtant, ces prestations ont été les principaux moteurs de la réduction mondiale de la mortalité maternelle et infantile. A en croire le GFF, ces perturbations sont susceptibles d’entrainer une augmentation significative des maladies et des décès évitables de mères et d’enfants.
Près de 1,2 millions d’enfants et 57 000 mères pourraient mourir dans les six prochains mois
Dans son communiqué parvenu à notre rédaction, le GFF a rappelé que l’épidémie d’Ebola de 2014-2016 en Afrique de l’Ouest a démontré l’impact négatif considérable que les urgences sanitaires peuvent avoir sur les services de santé et de nutrition de base.
Des projections faites par Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health montrent d’ailleurs que selon un scénario dans lequel le COVID-19 provoque des perturbations similaires à celles observées en Afrique de l’Ouest pour Ebola, près de 1,2 million d’enfants et 57 000 mères pourraient mourir dans les six prochains mois. Ce qui représenterait une augmentation de 45% par rapport au niveau actuel de mortalité infantile.
La pandémie de COVID-19 représente un énorme revers potentiel pour les efforts mondiaux visant à mettre fin aux décès évitables de mères et d’enfants et à l’atteinte de la couverture de santé universelle d’ici à 2030 et pourrait inverser des décennies de progrès, s’inquiète Muhammad Ali Pate, directeur mondial de la santé, de la nutrition et de la population du Groupe de la Banque mondiale et directeur du GFF.
En outre, dans le cas du COVID-19, l’accès aux services de santé reproductive, de la mère, du nouveau-né, de l’enfant, de l’adolescent et de nutrition dans les pays pauvres peut être encore plus affecté par la disponibilité limitée d’équipements de protection pour les agents de santé, les restrictions des droits et des mouvements de population et les pertes économiques graves qui affecteront la capacité des femmes et de leurs familles à assurer le transport vers les centres de santé ou à payer les prestations de soins.
C’est face à tous ces risques, que le GFF lance l’alerte. Mais plus encore, le Groupe des investisseurs a appuyé l’action rapide du GFF pour protéger les services essentiels de santé et de nutrition dans les pays partenaires du GFF et cela dans le cadre de la réponse au COVID-19. Cela s’est fait entre autre, en appuyant l’élaboration de plans pour maintenir les services essentiels pendant la pandémie, en promouvant le partage des bonnes pratiques et des conseils entre les dirigeants et les agents de santé des pays touchés.
Le GFF appuie également les efforts du Groupe de la Banque mondiale et d’autres partenaires pour fournir des équipements de protection aux agents de santé et aide les pays à introduire les changements de prestation de services qui sont nécessaires pour maintenir les services essentiels, en séparant par exemple ceux qui souhaitent des soins de santé de routine de ceux qui ont le COVID-19. Le GFF octroie aussi des subventions aux pays qui ne sont pas éligibles au financement à travers le Mécanisme Fast Track COVID-19 du Groupe de la Banque mondiale pour la réponse au COVID-19, etc.
La ministre de la Santé du Burkina Faso, Pr Léonie Claudine Lougué citée dans le communiqué, reconnait que dans le cadre de la riposte à cette pandémie de COVID-19, il est fondamental de garantir la continuité des services de base pour les femmes, les enfants et les adolescents, tout en minimisant le risque de contagion. « C’est l’une des priorités de l’action que nous voulons mener avec l’appui du GFF afin d’éviter une catastrophe en matière de mortalité maternelle et infantile à la sortie de cette crise sanitaire », a-t-elle déclaré.
En rappel, le Mécanisme de financement mondial (GFF) est un partenariat à multiples parties prenantes qui aide les pays à s’attaquer aux problèmes de santé et de nutrition les plus importants qui affectent les femmes, les enfants et les adolescents. Le GFF rassemble les gouvernements et les partenaires autour d’un plan piloté par les pays qui priorisent les domaines à fort impact, mais négligés, de la santé.
Justine Bonkoungou
Publié le 28-04-2020 dans Lefaso