La question de la santé sexuelle et reproductive des jeunes reste une préoccupation et un tabou au sein de la famille au Niger. Poser le débat entre parents et enfants, mettre en confiance les enfants et en parler, constitue un énorme défi. Pourtant, les jeunes en parlent et sont même préoccupés pour comprendre leur corps, leur avenir en tant que futur père ou mère.
« …L’importance d’éduquer nos pairs sur leurs corps et sur son développement est d’une nécessité impérieuse, sinon, c’est la rue, les mauvaises fréquentations et la télévision joueront ce rôle pédagogique (à l’absence d’un encadrement) », indique Ibrahim Innocent, jeune champion en PF et responsable exécutif de Convergence pour le Développement Durable (CODD), une association des jeunes.
Cet espace de dialogue familial est très restreint si même il existe. Des associations qui luttent pour la promotion des droits à la santé des jeunes le leur offrent. En illustre les séries des causeries-débats qu’organise l’ONG Lafia Matassa. Rares occasions pour les jeunes de briser le silence et amorcer le dialogue avec leurs parents. « Le plus souvent nous constatons que nos parents ne nous donnent pas les maximum d’informations dont nous avons besoin pour entrer dans la vie », a fait constater, une jeune en classe de Terminale au complexe scolaire Mariama au cœur de la capitale Niamey. Celle-ci recommande de « sensibiliser les parents sur le dialogue avec les enfants ». Abondant dans le même sens, une autre élève estime qu’il est plus qu’important d’organiser des « séances de sensibilisation en présence des parents. Ce qui pourrait permettre d’aborder le dialogue entre les enfants et eux » renchérit-elle.
Outre, la responsabilité parentale dans l’éducation sexuelle, il faut noter la faiblesse des services publics liés à la santé reproductive des jeunes. « Un obstacle, c’est la faible couverture en matière de technologie contraceptive ou d’offre de service en santé reproductive d’une part, et la non adaptation des centres en général en matière de prise en charge des jeunes », déplore Ibrahim Innocent.
Le dialogue entre parents et enfants est nécessaire au Niger, quand on voit la proportion de la population jeune. Selon le Recensement général de la population de 2012, ‘‘plus de la moitié de la population nigérienne est âgée de moins de 15 ans (51,57 %), avec une proportion des jeunes de moins de 25 ans constituent 68,88% de la population totale du pays, soit plus de deux nigériens sur trois. On note la prédominance relative des jeunes filles (52,53%) par rapport aux jeunes hommes (47,47%)’’.
Mamane Jaharou
L’Indépendant Plus-Niger