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Une condition indispensable pour une maîtrise de la fécondité au Bénin

De 3,3 millions en 1979 à 10 millions en 2013, la croissance démographique au Bénin évolue à un rythme exponentiel. Cela pose ainsi de nombreux défis en matière de démarche sociale dont la santé, l’éducation et l’environnement. Pour maîtriser la situation, l’implication des jeunes dans la politique nataliste semble un impératif.

Gentille est une jeune fille âgée de 18 ans. Issue d’une famille polygame, elle est mère de deux enfants et porte aujourd’hui une autre grossesse de trois mois. La jeune femme vendeuse ambulante de bouillie vit avec sa mère et ses frères et sœurs (07) au total dans une maison presque en ruine à Déssa, dans la commune d’Allada. Une situation difficile pour Gentille. « Cette grossesse est une surprise pour moi ; je ne voulais plus d’enfant car c’est difficilement que je nourris les deux premiers sous le regard passif de leurs pères respectifs », avoue la jeune mère de famille d’une voix à peine audible.
En effet, la sexualité est de plus en plus précoce parmi la couche juvénile et la plupart des adolescents vont à l’acte sexuel sans protection, ni contraception, selon le chef du service de planification familiale, santé des adolescents et jeunes à la direction de la santé de la mère et de l’enfant du ministère de la santé, Dr Gaston Ahounon. Ce qui les expose aux grossesses précoces et non désirées. Les conséquences de ces grossesses plombent tous les efforts de planification appropriée des ressources pour un développement harmonieux du pays.

la situation de précarité va s’aggraver si rien n’est fait…

Selon le Document de stratégie nationale multisectorielle de santé sexuelle et de la reproduction des adolescents et jeunes au Bénin (2010-2020), les statistiques révèlent qu’une (01) grossesse sur cinq (05) est du fait d’une adolescente. La dernière Enquête Démographique de Santé (EDSB IV/2011-2012) évalue quant à la prévalence contraceptive moderne à 5,2% chez les adolescentes avec 35% de besoins non satisfaits contre 12% chez les femmes en âge de procréer avec 32% de besoins non satisfaits. L’indice synthétique de fécondité est de 4,9 enfants par femme. D’après la même source, la croissance de la population du Bénin est remarquablement très rapide avec un taux de croissance démographique de 3,5% par an. Cette croissance continue de la population à en croire les experts n’est rien d’autre que la résultante d’une fécondité élevée et constante au cours de la dernière décennie, en témoigne la structure par âge de la population, extrêmement jeune.

« Quarante-cinq pour cent (45%) de la population est âgée de moins de 15 ans, donc inactifs et cela impose un lourd fardeau à la population en âge de travailler (généralement entre 15 et 64 ans) qui doit subvenir aux besoins », souligne Tobias Gbaguidi, spécialiste des questions de Populations et Dynamiques Urbaines, qui a fait référence aux résultats du recensement de la population et de l’habitat de 2013.

Des efforts vains…

Au regard de ces chiffres, on pourrait dire sans se tromper que la situation de précarité va s’aggraver si rien n’est fait. Le gap engendré entre l’accroissement de la population et la croissance économique contribue à amplifier la pauvreté, et amenuiser la capacité des jeunes à développer leur plein potentiel, pourtant cette frange représente l’avenir du pays. Elle est une cible très importante à prendre en compte dans la politique nataliste du pays, a soutenu Gaston Ahounou, lors d’un atelier sur la Planification familiale. A ce sujet, la Stratégie de la Croissance pour la Réduction de la Pauvreté (SCRP 2011-2015) a préconisé une politique de maîtrise de la fécondité à travers la promotion d’une fécondité responsable avec un meilleur accès à l’information et aux services de la santé de la reproduction

.. un outil de développement

Le contre rapport des Ong impliquées dans la Planification Familiale (PF) dont l’élaboration a été coordonnée par l’association CeRADIS, publié en novembre 2017, dans le cadre de la revue du Plan d’Action National Budgétisé pour la PF (2014-2018), stipule que l’espacement des naissances au moyen de méthodes contraceptives est l’une des voies de recours des pays d’Afrique de l’Ouest francophone en vue d’assurer un développement contrôlé de leur population. Dans un contexte marqué par la nécessité de capturer la dividende démographique à travers l’investissement dans la Santé, l’Education et l’emploi etc. 
La maîtrise de la fécondité au Bénin présente alors des avantages sur l’ensemble des secteurs de développement socio-économique du pays, a fait remarquer le coordonnateur de la coalition des Osc pour le repositionnement de la PF au Bénin, Jérôme Chatigre, lors du lancement du contre rapport associatif.
La planification familiale, l’un des facteurs de réduction de la pauvreté et de promotion de la croissance économique est donc une solution à portée de main. L’accès des jeunes à cet outil, que Loukmane Tidjani, champion PF qualifie de ‘’vaccin social’’, leur permettra de prévenir les grossesses précoces et non désirées ainsi que leurs conséquences, mais surtout de bien se porter, a expliqué l’expert en Développement et Population, Philippe Tobossi. Selon lui, le choix de la planification familiale sur plusieurs décennies va permettre d’accroître la population active par rapport au nombre de personnes qu’elle doit entretenir. On parle dans ce cas de la réalisation des conditions indispensables pour capturer le dividende démographique qui va permettre d’augmenter les investissements pour améliorer les niveaux de vie et réduire la pauvreté. Pour ce faire, il est souhaitable que le Bénin fasse de l’accès des jeunes aux services de la PF une priorité.

Renforcer les actions

La planification familiale étant une nécessité pour le développement du Bénin, tous les acteurs impliqués (gouvernement, Ptf, Osc, communautés…) doivent chacun jouer sa partition pour la sécurisation de la ligne budgétaire relative à l’achat des produits contraceptifs. Aussi, est-il primordial pour l’Etat de rendre gratuit la PF pour les adolescents et jeunes afin d’ôter les barrières financières et permettre au plus grand nombre de jeunes d’y accéder. Ainsi, il pourra répondre aux besoins non satisfaits évalués à 32% au Bénin (EDSB IV) et amorcer les conditions de réalisation de son développement durable.

Juliette MITONHOUN

Publié le 26-04-2018 dans 24hauBenin

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