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Une exigence pour une maternité sans risque

Mère de l’humanité, la femme est au cœur des équilibres familiaux, culturels, sanitaires et sociaux. Elle se charge d’éduquer les enfants, de les nourrir, de les amener à l’école et à l’hôpital pour les faire vacciner. Sans elle, la survie des membres du ménage prend un coup. Pourtant, célébrée tous les 8 mars de chaque année à travers le monde, elle continue d’être victime de nombreuses inégalités sur les plans sanitaire, économique et sociale.

Au nombre de ces inégalités on peut citer : le non accès universel à des soins compétents au moment de l’accouchement et à des soins obstétricaux d’urgence, l’enfermement dans la sphère domestique, la confiscation des droits patrimoniaux et civiques, la persistance des écarts de salaires, la précarité économique, la difficulté d’accès aux responsabilités professionnelles et politiques, la sous représentativité dans tous les domaines de la société. Les filles et les femmes ne bénéficient pas des mêmes chances et des mêmes libertés que les garçons et les hommes. Elles sont privées de leur droit de choisir le moment de leur maternité.

En son article 12.1, la convention de 1979 sur l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des femmes, qui a été ratifiée par 185 pays dont le Bénin fait obligation à ses signataires d’« éliminer la discrimination à l’égard des femmes dans le domaine des soins de santé en vue de leur assurer, sur la base de l’égalité de l’homme et de la femme, les moyens d’accéder aux services médicaux y compris ceux qui concerne la planification familiale ». Malgré cette exigence de la convention, des femmes continuent de perdre la vie en couche sous le regard passif des communautés et des gouvernants au plan mondial.

Comment peut-on encore se permettre de sacrifier celle qui assure la perpétuité de la race humaine au point de la laisser mourir en couche en ce temps d’avancées moderne ? Sa vie ne compte-t-elle pas ? Pourquoi dédier une journée à la femme pendant que ses droits sont bafoués partout dans le monde ? Pourquoi laisser la femme mourir en donnant la vie pendant qu’on sait ce qu’il faut faire pour prévenir ou traiter la grande majorité des problèmes liés à la grossesse, qu’il s’agisse d’hémorragie ou d’’infections, d’éclampsie, de travail difficile ou d’anémie…

A l’heure actuelle, au Bénin, 4 femmes sur 10 meurent chaque jour de causes liées à la grossesse selon l’Enquête Démographique de santé (EDS) réalisée en 2017. Au regard de ces chiffres alarmants, la réduction de mortalité maternelle demeure donc un défi majeur de santé publique à relever non seulement au Bénin mais aussi dans tout le monde entier. Selon les professionnels de la santé, la mortalité maternelle est l’un des grands problèmes auxquels les pays africains sont confrontés.

L’accès à une planification familiale peu coûteuse pour sauver les mères
Pour relever ce défi, il urge pour le gouvernement de la Rupture, de prioriser et de faire progresser les droits sexuels et reproductifs de la femme en portant le budget de l’Etat alloué à l’achat des produits contraceptifs de 250 millions à 403 millions FCFA d’ici à 2026. Aussi doit-il veiller à assurer la gratuité de la planification familiale à toutes les filles et femmes en âge de procréer d’ici à fin décembre 2022 et augmenter la prévalence contraceptive de 11,7 % en 2017 à 20 % en 2026 chez les femmes de 15-19 ans et de 12,4 % en 2018 à 20 % en 2026 chez les femmes de 20-24 ans et plus.

Il est également essentiel que le gouvernement, le ministère de la santé, les organisations de la société civile œuvrant dans le domaine de la santé de la reproduction, les partenaires techniques et financiers ainsi que les particuliers unissent leurs efforts pour que les femmes aient accès à des soins de santé primaires et procréatives et à des agents de santé qualifié. Ainsi le pays pourrait sauver la vie de milliers de femmes et réaliser les droits des femmes et des filles au titre de la convention sur l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des femmes et atteindre les objectifs de développement durable.

Juliette MITONHOUN

Publié le 07-03-2022 dans 24h au Benin

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