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Une nouvelle étude ne constate aucun lien entre l’infection à VIH et les méthodes contraceptives

Une vaste étude clinique menée dans quatre pays africains a permis de constater qu’il n’existait pas de différence significative quant au risque d’infection par le VIH entre les utilisatrices de l’une des trois méthodes contraceptives réversibles d’une grande efficacité.

Publiée aujourd’hui dans The Lancet, l’étude a montré que chacune des méthodes présentait un niveau élevé d’innocuité et d’efficacité dans la prévention de la grossesse, les trois méthodes étant bien acceptées par les femmes les utilisant.

Les trois méthodes visées par l’étude – l’étude ECHO sur les données factuelles relatives aux options en matière de contraception et aux issues pour l’infection à VIH ‒ étaient les suivantes:

  • DMPA-intramusculaire (DMPA-IM), contraceptif injectable réversible purement progestatif administré tous les trois mois;
  • implant à libération de lévonorgestrel, implant purement progestatif inséré sous la peau au niveau du bras pouvant être utilisé pendant cinq ans;
  • DIU au cuivre, dispositif inséré dans l’utérus pouvant être utilisé pendant 10 à 12 ans.

«Ces résultats confirment qu’il convient de mettre à la disposition des femmes et des filles un large choix de méthodes contraceptives efficaces qui leur permettront de faire des choix éclairés quant à leur propre corps – y compris de décider si elles souhaitent avoir des enfants et quand», a déclaré le DJames Kiarie, du Département Santé reproductive et recherche de l’Organisation mondiale de la Santé. «Un meilleur accès à la contraception et à des services de santé reproductive de qualité aurait un énorme impact en améliorant la qualité de vie de millions de femmes et de leurs familles».

L’étude a toutefois constaté que l’incidence de l’infection à VIH parmi l’ensemble des femmes participantes était élevée – de 3,8% en moyenne par an – ce qui indique que le VIH représente toujours un risque individuel important et un problème de santé publique pour de nombreuses femmes dans ces pays.

«L’étude met en lumière la nécessité de renforcer les efforts de prévention du VIH dans ces pays où la charge de morbidité est élevée – en particulier pour les jeunes femmes», a déclaré la Dr Rachel Baggaley, du Département VIH et hépatite de l’OMS. «Il convient notamment de proposer un dépistage du VIH et divers moyens de prévention de l’infection à VIH dans le cadre des programmes de services de contraception».

À propos de l’étude

Au cours des 25 dernières années, tandis que l’épidémie de VIH s’installait dans de nombreux pays, un certain nombre d’études observationnelles ont suggéré la possibilité d’un risque supérieur d’acquisition du VIH chez les utilisatrices de progestatifs seuls injectables, en particulier le DMPA-IM. Toutefois, du fait des limites inhérentes à la conception de ces études, il n’a pas été possible de déterminer si les infections par le VIH étaient dues au type de méthode contraceptive utilisée ou à d’autres facteurs. Les résultats de l’étude ECHO sont à ce jour les résultats les plus solides pour répondre à ces craintes.

L’étude ECHO a été menée à bien dans quatre pays confrontés à des situations de forte incidence du VIH – l’Afrique du Sud, l’Eswatini, le Kenya et la Zambie. Un total de 7829 femmes âgées de 16 à 35 ans, négatives pour le VIH et ayant une activité sexuelle, qui souhaitaient utiliser une méthode moderne de contraception ont été recrutées et l’une des trois méthodes contraceptives leur a été attribuée de manière aléatoire.

Toutes les femmes qui ont participé à l’étude ont bénéficié de services de santé réguliers, y compris de conseils sur la prévention et les soins du VIH, et le dépistage et le traitement des infections sexuellement transmissibles.

«Après des décennies d’incertitude, nous disposons finalement de données scientifiques solides sur le lien éventuel entre la contraception hormonale et le risque de VIH, issues d’un essai clinique randomisé rigoureux», a déclaré la Professeure Hélène Rees, Directrice exécutive du Wits Reproductive Health and HIV Institute de l’Université de Witwatersrand à Johannesburg (Afrique du Sud), et l’une des cinq membres du comité de gestion qui dirige l’étude ECHO. «Les résultats sur cette question sont rassurants, mais nos conclusions donnent aussi à réfléchir, car elles confirment une incidence du VIH très élevée parmi les jeunes femmes africaines, ce qui est inacceptable».

Résultats

Chez les 7829 femmes qui ont pris part à l’étude, on a constaté 397 infections par le VIH. Il n’y a pas eu de différence statistique dans le taux d’acquisition du VIH parmi ces femmes. Cent quarante-trois infections ont touché des femmes utilisant le DMPA-IM, 138 des femmes utilisant le DIU au cuivre et 116 des femmes utilisant l’implant à libération de lévonorgestrel.

Le taux d’infection par le VIH a été plus élevé chez les femmes de moins de 25 ans, quelle que soit la méthode de contraception utilisée. Ce taux élevé d’infection par le VIH chez les femmes, et en particulier les jeunes femmes, confirme la nécessité de renforcer l’intégration de la prévention du VIH dans les services de contraception comme dans les autres services de santé sexuelle et reproductive. Il peut notamment s’agir de services de dépistage du VIH et d’orientation vers la thérapie antirétrovirale pour les femmes positives pour le VIH, du dépistage chez le partenaire, de la promotion de l’utilisation du préservatif, et de la prophylaxie préexposition (PrEP). L’incidence élevée du VIH constatée est supérieure au seuil suggéré par l’OMS pour proposer la PrEP, qui devrait désormais être envisagée dans les pays où l’incidence du VIH est supérieure à 3%, le cas échéant.

Actuellement, 214 millions de femmes des pays en développement veulent éviter une grossesse, mais n’utilisent pas une méthode moderne de contraception. Il est essentiel de disposer de services de grande qualité et intégrés qui sont conçus en consultation avec les femmes et qui respectent les droits humains des femmes et des filles, protègent leur vie privée, et sont prodigués sans stigmatisation, discrimination, violence ni coercition.

«Indépendamment des données issues de l’étude ECHO, le choix limité de contraceptifs dont disposent les femmes n’est pas satisfaisant. Nous espérons que ce résultat fera réagir et permettra de donner la priorité aux femmes. Les femmes veulent davantage de choix, autres que le DMPA», a indiqué Yvette Raphaël, membre du groupe consultatif communautaire mondial pour l’étude ECHO.

Il est indispensable d’étendre la gamme des moyens contraceptifs de qualité pour répondre aux besoins actuellement insatisfaits. Si elles disposent d’un large choix de méthodes contraceptives acceptables et efficaces, les filles et les femmes peuvent décider elles-mêmes d’avoir ou non des enfants, combien et à quel moment. Permettre aux femmes et aux filles de prendre des décisions éclairées est un principe fondamental quand on fournit des informations sur la contraception ou des services de contraception. Les conclusions de l’étude vont dans le sens d’un accès régulier à toutes les méthodes ayant fait l’objet de l’étude pour toutes les femmes, y compris celles qui sont très exposées au risque d’infection à VIH.

Prochaines étapes

Conformément à sa pratique habituelle lorsque d’importantes nouvelles conclusions issues de la recherche sont publiées concernant l’innocuité des méthodes contraceptives, l’OMS réunira un groupe chargé de l’élaboration de lignes directrices pour revoir les recommandations existantes concernant les critères de recevabilité médicale pour l’utilisation de méthodes contraceptives à l’intention des femmes exposées à un haut risque d’infection à VIH. Les recommandations actualisées paraîtront fin août 2019. Ce délai reflète la pratique établie de l’OMS visant à assurer une procédure d’examen à la fois solide, rapide et inclusive.

L’OMS apportera son soutien aux pays où les taux d’incidence du VIH sont élevés, y compris aux quatre pays dans lesquels l’étude a été menée, pour qu’ils élaborent des plans afin de fournir des services intégrés de planification familiale et de lutte contre le VIH et les IST, comme il est recommandé dans l’appel à l’action concernant les liens entre la santé et les droits sexuels et reproductifs et le VIH.

L’Organisation mondiale de la Santé et le Programme spécial PNUD/UNFPA/UNICEF/OMS/Banque mondiale de recherche, de développement et de formation à la recherche en reproduction humaine (HRP) souhaiteraient exprimer leur reconnaissance et leurs remerciements aux 7829 femmes et à leurs communautés pour leur participation à l’étude ECHO sans laquelle notre compréhension de l’innocuité des trois méthodes contraceptives d’une grande efficacité ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui.

L’étude ECHO a été menée par un consortium conduit par FHI 360, l’Université de Washington, le Wits Reproductive Health and HIV Institute et le Programme spécial HRP de l’Organisation mondiale de la Santé.

Publié le 13-06-2019 dans who

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