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Des « écoles de maris » au Burkina Faso pour sensibiliser les hommes aux droits des femmes

Une « école des maris » pour garantir l’égalité des sexes ? C’est là le pari atypique de l’Association Internationale de Développement et de la Banque Mondiale. Cette initiative prend place au Burkina Faso et suscite aussi bien l’enthousiasme des femmes que celui des hommes.

On connaissait déjà L’école des femmes de Molière. Mais aujourd’hui, le Burkina Faso nous propose « l’école des maris ». A savoir, des clubs où les hommes sont invités à échanger tous ensemble, sous le regard d’un médiateur. L’idée ? S’éveiller aux droits des femmes, à l’égale répartition des tâches ménagères, aux aléas de la grossesse, à la charge mentale. Une initiative atypique mise en place par l’Association Internationale de Développement et la Banque Mondiale, et qui recouvre déjà trois régions du pays de l’Afrique de l’Ouest. Un apprentissage féministe, qu’on ne peut évidemment que saluer.

D’autant plus que, nous apprend ce reportage de Franceinfo, la transmission s’y fait « sans tabou » – et avec beaucoup de discutes. Le but derrière tout cela est évidemment de reconsidérer la place du mari au sein de l’unité familiale – et au sein du couple – en l’y impliquant davantage. Résultats ? Au Club, ils sont une quinzaine chaque semaine et dans chaque village à se « déconstruire » et à éveiller davantage leurs consciences, témoignages personnels à l’appui.

« Ici, ils peuvent parler sans crainte du qu’en-dira-t-on, de sujets traditionnellement laissés aux femmes, comme la planification familiale, les consultations prénatales et la nécessité d’accoucher dans un centre de santé », détaille encore Ouanibaouiè Bondé, médiatrice de L’école des maris, du côté du site de la Planification Familiale tenue à Ouagadougou. Un espace de conversations où prône la bienveillance, donc.

« Cette école est une bénédiction »

Les bienfaits déjà concrets de l’école des maris.

Et cet apprentissage salutaire n’a rien d’abstrait. Bien au contraire même, il porte ses fruits au quotidien. « Le jour de mon accouchement, c’est mon époux qui m’a conduite à l’hôpital. Et il a voulu rester à mes côtés pendant mon accouchement. Ce jour-là, j’étais tellement contente que j’ai oublié la douleur », témoigne en ce sens Martine Gnoumou, épouse de Waimbabie Gnoumou, un participant de cette fameuse Ecole des maris.

On le savait, et on le répète : qu’importe l’âge, l’éducation est la clef de tout. Qu’il s’agisse d’éclaircir les doutes des époux, mais aussi des futurs époux. Idéal pour entamer une vie de famille sur les bonnes bases. Santé et vie du foyer, moyens de contraception, soins apportés à l’enfant et aléas du quotidien, rien n’est oublié dans ce programme. La quinzaine de conjoints qui se rend dans ce Club un peu spécial devrait, au bout du compte, « changer positivement de comportement envers leurs femmes », nous explique-t-on encore.

Et pour certains, ça fonctionne, si si. « J’ai beaucoup appris sur la vie familiale et sur la santé reproductive. Quand je me marierai, je parlerai beaucoup avec mon épouse des méthodes contraceptives et de la planification familiale », témoigne le futur époux (et membre du club) Sienimi Gnoumou dans les pages du média Oeil d’Afrique.

« L’arrivée de l’École des maris a tout d’une bénédiction, et la sensibilisation se poursuit même dans les lieux de culte et les cabarets du village », se réjouit à l’unisson Dofinta Gnoumou (le chef du village de Mamboué, à l’ouest du Burkina Faso) du côté du média national. Un cercle vertueux qui s’étend par-delà les bancs de l’école, donc. Et qui, on l’espère, se propagera bien davantage, dans un pays où l’égalité des sexes reste encore un idéal.

Clément Arbrun

Publié le 09-07-2020 dans Terrafemina

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